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LE VRAI MEUBLE JAPONAIS > Mobilier japonais > Fabrication 

La fabrication artisanale

Polissage de la laque à la pierre fine

J'exclus de fait le sujet de la fabrication industrielle, car elle ne concerne quasiment pas le mobilier japonais. En effet, si le meuble est fabriqué de façon industrielle, c'est que le coût sera le facteur déterminant, et il s'agira d'un meuble de moindre qualité (aggloméré, livré en kit, etc.). Dans ce cas, il sera généralement fabriqué en Asie du Sud-Est ou en Chine. Même s'il s'inspire du style des meubles japonais, il ne s'agit pour moi pas de mobilier japonais.

A l'opposé, les meubles dont je parle ici se veulent des pièces uniques. C'est ainsi que les propriétaires de tansutansu
Meuble de rangement japonais (commode, buffet, etc.)
développent une relation émotionnelle avec leur meuble : une noeud dans le bois évoquant une forme ici, un détail de ferrure par là. Ils vous parleront "d'échange", "de communication", "de plaisir"... Ce type de relation que le propriétaire développe avec son tansutansu
Meuble de rangement japonais (commode, buffet, etc.)
ne serait pas possible avec un meuble de fabrication industrielle, qui cherche à l'opposé à homogénéiser la fabrication.

Au Japon, on considère que la matière (dans notre cas le bois, la laque, le métal), l'artisan, l'outil et les techniques de fabrication, mais également l'objet réalisé, et son utilisateur, sont indissociables : aucun n'existerait sans l'autre.

L'artisan (l'ébéniste, le laqueur, le ciseleur de ferrures, etc.) reste le pilier central, car c'est grâce à lui que le meuble existe.

La même passion depuis 150 ans... Photo de la 1ère génération d'ébénistes d'une des familles d'artisans chez qui je choisis mes tansutansu
Meuble de rangement japonais (commode, buffet, etc.)
(an 2 de l'ère MeijiMeiji
Période de 1868 à 1912
= 1869)

Les artisans-ébénistes sont généralement réunis en petites sociétés familiales, qui remontent aux ères MeijiMeiji
Période de 1868 à 1912
ou TaishôTaishô
Période de 1912 à 1926
, sur le principe de coopératives qui rassemblent les corps de métiers nécessaires. Chacune de ces coopératives réalise tout au plus une centaine de tansutansu
Meuble de rangement japonais (commode, buffet, etc.)
par an (les plus exceptionnels demandent jusqu’à 4 mois de travail.)

Je prends un immense plaisir à rendre visite aux artisans-ébénistes avec lesquels j'ai développé d'étroits liens (je les appelle "mes artisans"), et à passer du temps dans leurs ateliers à les regarder façonner les meubles avec passion. Ils se situent pour la plupart dans le TôhokuTôhoku
Région au nord du Japon, berceau de la fabrication des tansu
, la grande région du nord du Japon qui abrite les plus belles forêts et est devenu de fait le berceau historique des plus beaux tansutansu
Meuble de rangement japonais (commode, buffet, etc.)
. Visiter l’atelier de mes artisans est un retour dans le temps, où l’ampoule électrique est à peu près le seul signe que nous ne sommes plus à l'ère MeijiMeiji
Période de 1868 à 1912
... 

Mes artisans sont les descendants de familles d'ébénistes des ères MeijiMeiji
Période de 1868 à 1912
ou TaishôTaishô
Période de 1912 à 1926
: ils fabriquent les mêmes meubles dans la famille depuis 100-150 ans. Autant dire que la passion du travail est passée d'une génération à l'autre, et que les meubles qu'ils fabriquent aujourd'hui sont les dignes héritiers de ceux que fabriquaient leurs aïeux. Ils sont parfois même plus exceptionnels que les anciens, et les artisans peuvent ajouter leur touche personnelle voire adapter le mobilier à notre vie du XXIème siècle...

Les meubles sont déjà chargés d’histoire avant d’être fabriqués : le keyakikeyaki
Orme du Japon, bois très dense à beaux motifs, utilisé au Japon pour fabriquer les objets en bois de valeur
 
est vieux de plusieurs siècles, la préparation de la laque a pris plusieurs années, et la fabrication même du meuble aura demandé plusieurs mois. La patience est une qualité au Japon, avant que le meuble ne partage la vie d'une famille pendant des générations…

Cliquez sur les rubriques ci-dessous pour en savoir plus sur la fabrication :

Les essences de bois

 
Plusieurs essences de bois endémiques ont été utilisées au Japon dans l'ébénisterie, tant des résineux (cyprès, cèdre, pin) que des feuillus (châtaignier, mûrier). Sans renier l'intérêt des essences utilisées depuis toujours pour fabriquer les tansutansu
Meuble de rangement japonais (commode, buffet, etc.)
, le recul de plusieurs siècles d'utilisation des meubles dans un environnement difficile (meubles déplacés très régulièrement, changement de température et d'hygrométrie plusieurs fois dans l'année) aura fait préférer les feuillus.

Notamment, pour les meubles d'exception, on préfèrera 2 essences nobles, qui feront vite grimper le prix du meuble : le keyakikeyaki
Orme du Japon, bois très dense à beaux motifs, utilisé au Japon pour fabriquer les objets en bois de valeur
(orme du Japon) et le kirikiri
Paulownia, bois très léger, largement utilisé au Japon pour ses caractéristiques mécaniques
(paulownia).

         

Chacun a des caractéristiques techniques et une beauté de veines différentes, et on l'utilisera soit pour les parties visibles, soit pour les parties structurelles.

Pour le keyakikeyaki
Orme du Japon, bois très dense à beaux motifs, utilisé au Japon pour fabriquer les objets en bois de valeur
, les clients les plus exigeants commanderont à leur artisan des planches d'arbres multicentenaires, aux belles veines fines et très "travaillées". Ils n'hésiteront pas à payer l'équivalent de 30 000 € la planche pour un keyakikeyaki
Orme du Japon, bois très dense à beaux motifs, utilisé au Japon pour fabriquer les objets en bois de valeur
japonais de 500 ans...

Le paulownia, également très apprécié au Japon dans l'ébénisterie haut de gamme, permettra de réaliser un meuble très stable, peu sensible aux variations d'hygrométrie, et qui limitera ainsi les risques de fissures. Nos artisans combinent le keyakikeyaki
Orme du Japon, bois très dense à beaux motifs, utilisé au Japon pour fabriquer les objets en bois de valeur
et le kirikiri
Paulownia, bois très léger, largement utilisé au Japon pour ses caractéristiques mécaniques
pour tirer le meilleur parti de leurs caractéristiques mécaniques : le keyakikeyaki
Orme du Japon, bois très dense à beaux motifs, utilisé au Japon pour fabriquer les objets en bois de valeur
pour la beauté de son bois et sa dureté, et le kirikiri
Paulownia, bois très léger, largement utilisé au Japon pour ses caractéristiques mécaniques
pour son bon maintien aux variations de température et d'hygrométrie ainsi que pour ses propriétés insecticides.
 

L'ébénisterie

 
En fonction de l'effet désiré sur le meuble fini, l'artisan choisira des assemblages cachés ou visibles. Les assemblages visibles mettent en valeur le bois et le travail de l'artisan, en faisant de la technique d’assemblage un élément décoratif. On pourra citer la queue d’aronde et ses nombreuses variations, ou les fines chevilles de bois. L’assemblage caché est quant à lui synonyme de raffinement, en permettant à l’œil de se porter sur les autres détails (la planéité et la brillance de la laque, la qualité des ferrures, etc.).  

         

Par ailleurs, la fabrication artisanale est gage d'une qualité inégalable. Cela est particulièrement important lorsque l'on travaille des matières vivantes comme le bois et la laque, car chaque pièce aura un comportement particulier, que seule l'expérience de l'artisan pourra prédire. Chaque porte, chaque tiroir, est ajusté à l'emplacement qui l'accueillera, en tenant compte de sa déformation probable. Une machine ne pourrait pas travailler des matières naturelles avec la même précision.

         

Le ciseau à bois, le rabot, le maillet sont les principaux outils de mes artisans.

         

J'ai pris ces photos chez mes artisans. Vous constaterez qu'ils mettent la même passion dans la fabrication des tansutansu
Meuble de rangement japonais (commode, buffet, etc.)
 
aujourd'hui que leurs aïeux pendant l'ère MeijiMeiji
Période de 1868 à 1912
, et que les techniques de fabrication restent traditionnelles. Nous sommes ici très loin de la fabrication industrielle et des matériaux désormais utilisés pour la plupart du mobilier qui nous entoure...
 

La laque

 
Nous avons vu que le meuble était au Japon un objet de luxe réservé aux plus aisés. A produit d'exception, finition d'exception, les meubles japonais étaient généralement laqués de cette laque (urushiurushi
Laque traditionnelle japonaise
) réservée à la vaisselle de cérémonie, c'est-à-dire aux objets de petite taille et de grande valeur (plateaux, bols, baguettes) ; que l'on pourrait comparer dans notre culture française à l'argenterie. On pourrait parler pendant des heures de la laque (il existe de nombreux livres ainsi que des études scientifiques qui continuent de faire du urushiurushi
Laque traditionnelle japonaise
un matériau à part au XXIème siècle).

Pour revenir aux meubles, on retiendra que la finition en laque est au Japon synonyme de summum du raffinement (dans tous les sens du terme : par ses qualités, sa rareté, son prix -plusieurs centaines d'euros le litre-, la délicatesse de sa préparation, l'expertise de l'artisan laqueur) et fait des tansutansu
Meuble de rangement japonais (commode, buffet, etc.)
laqués des meubles de grande valeur.

La laque peut également être un "support" pour des peintures (comme le makie - laque à la poudre d'or) ou pour l'incrustation de nacre, mais cela est assez rarement le cas pour les meubles. La majorité des tansutansu
Meuble de rangement japonais (commode, buffet, etc.)
était en effet laquée d'une couleur (éventuellement, mais plus rarement, de 2 couleurs).

De façon schématique, on retiendra 2 finitions :

La laque essuyée : Utilisée telle quelle, sans adjonction de pigment, la laque extraite du laquier est appliquée en fines couches, avec un travail très conséquent d'essuyage et de polissage entre chaque couche. De loin l'étape la plus consommatrice de temps dans toute la fabrication du meuble, le laquage est en fait une succession de plusieurs cycles, expliquant pourquoi elle s'étale sur plusieurs mois.
C'est grâce à ce minutieux essuyage puis au délicat polissage entre chaque couche qu'on arrive à donner au bois ce ton naturel tout en faisant ressortir la beauté de ses veines, avec un très léger relief. La finition en laque essuyée est la plus répandue pour les tansutansu
Meuble de rangement japonais (commode, buffet, etc.)
.

           

La laque brillante : Grâce à l'adjonction de pigments naturels (oxydes, minéraux, végétaux) et à une technique de polissage encore plus exigeante que pour la laque essuyée, l'aspect brillant de la laque sera sublimé et l'on parle d'un effet miroir.
Elle ne souffre aucune imperfection, et 4 mois de travail pourront être nécessaires à l'artisan pour l'atteindre.
Plus rarement utilisée sur les tansutansu
Meuble de rangement japonais (commode, buffet, etc.)
anciens, et de toutes façons uniquement en noir ou rouge à l'époque, les artisans arrivent aujourd'hui à réaliser une palette de couleurs plus large (jaune, vert, bleu, blanc, rose-sakurasakura
Fleur de cerisier
), ce qui explique que des amateurs de mobilier contemporain craquent parfois pour ces commodes colorées.

             

La laque traditionnelle japonaise est inégalée dans toute l'Asie, en particulier grâce à la passion des artisans japonais à la rendre si plane et brillante. L'application de la laque au couteau, l'essuyage (pour la laque essuyée seulement), le séchage en muromuro
Etuve pour le séchage de la laque traditionnelle
(à proprement parler une polymérisation dans une sorte d'étuve à fort taux d'humidité), le polissage méticuleux au charbon ou à la pierre douce. Chacune de ces opérations peut demander plus d'un jour, et sera répétée avec la même passion à chacune des dix couches. C'est là le secret de cette finition exceptionnelle. Je regrette que le vocabulaire "essuyage", "séchage", "polissage" ne permette pas de traduire la patience et la passion nécessaires. Malgré une apparente simplicité des mots, chacune de ces opérations requiert un profond engagement de l'artisan. L'unité de temps n'est pas la minute, ni même l'heure ; mes artisans parlent en demie-journée ou en journée.

              

Cela me passionne de voir que mes artisans arrivent encore à "innover" dans leurs techniques de fabrication pourtant ancestrales. Si vous êtes aussi un passionné de tansutansu
Meuble de rangement japonais (commode, buffet, etc.)
et me faîtes le plaisir de venir voir ma collection, nous pourrons parler plus en détail de ces évolutions, notamment du renouveau permis par la laque de cajou.
 

Les ferrures

 
Section en cours de mise à jour.

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